Louis MALLE
Né à Thumeries dans le Nord en 1932, au milieu d'une fratrie de trois frères et deux sœurs, Louis Malle est issu d'une grande famille d'industriels du sucre.
Il grandit dans le milieu de la grande bourgeoisie et traverse l'Occupation dans différents internats catholiques (dont celui qu'il évoquera plus tard dans Au revoir les enfants).
Dès l'âge de 14 ans, il s'initie à la réalisation avec la caméra 8mm de son père. Il pense étudier les sciences politiques à l'Université de Paris, mais c'est à ce moment que se décide sa carrière de cinéaste. Il s'inscrit donc à l'IDHEC.
Jacques-Yves Cousteau recherche alors un jeune assistant pour réaliser un documentaire sur les fonds marins ; on lui propose des étudiants de l'IDHEC et il choisit Malle.
Plusieurs mois de travail sur la Calypso aboutissent au Monde du Silence (1955), récompensé par la Palme d'or à Cannes (premier film documentaire à en être lauréat et encore aujourd'hui le seul, avec Fahrenheit 9/11 de Michael Moore).
Sur le tournage, Louis Malle se crève les tympans lors d'une plongée, il ne pourra donc plus réaliser des travaux de ce type. Les projets qui suivront, films et documentaires, seront volontiers moins consensuels et abordés sous un angle largement plus critique.
Il travaille par la suite avec Robert Bresson et trouve passionnant son travail avec les non-acteurs. C'est alors l'essor de la Nouvelle Vague, mais Malle ne sera jamais reconnu par ce mouvement même si son cinéma des débuts compte avec lui plusieurs points communs. Malle suivra son chemin en parallèle, seul et guidé par ses propres motivations.
Il réalise son premier long métrage de fiction à 25 ans, Ascenseur pour l'échafaud (1957), avec Jeanne Moreau et Maurice Ronet qui joue sur les codes du film noir et remet en cause la dramaturgie du cinéma classique. La bande originale est composée par Miles Davis. Le film remporte le Prix Louis-Delluc en 1957.
Dans Les Amants, Louis s'attaque à l'hypocrisie de la société bourgeoise à travers le récit d'une relation adultère. Suivent l'adaptation légère, ludique et enthousiaste d'un roman de Raymond Queneau, Zazie dans le métro.
Au début des années 1970, il tourne un film qui provoque un tollé : Le souffle au coeur. Il y évoque la relation incestueuse et romantique entre une mère et son fils. Ce thème est traité sans aucun jugement moral, ce qui sera une constante chez le réalisateur. Il n'y a pas d'innocents et pas de coupables, ni de représentants du bien d'un côté et du mal de l'autre : la vie est bien plus complexe. C'est au spectateur de se faire son propre jugement et pas au réalisateur de lui imposer.
Trois ans plus tard, c'est sur un autre thème qu'il provoque une controverse. Dans Lacombe Lucien (1974) il décrit la lente progression d'un jeune homme désœuvré dans la collaboration, après qu'il a tenté d'intégrer sans succès la Résistance.
Là encore, Malle ne porte aucun jugement, et montre un individu dont l'engagement est essentiellement dû au hasard des circonstances.
Même si une partie de la critique salue le film comme un chef d'œuvre, une autre partie accuse alors le réalisateur de tous les maux, lui reprochant de ne pas avoir vécu assez durement la guerre et jugeant son travail ignoble, affront à la mémoire des résistants.
Cette polémique le décide à s'expatrier aux États-Unis. Il tourne, entre autres à La Nouvelle-Orléans, un drame à costume sur la prostitution infantile, La petite, avec la jeune Brooke SHIELDS (photo), puis part à Hollywood pour réaliser Atlantic City (1980), film qui raconte les mésaventures d'un truand à la retraite et de sa voisine dans la ville des casinos de la Côte Est.
Lorsque Louis revient en France en 1987, c'est pour s'attacher au thème qui l'avait fait partir : l'occupation. Ce sera alors la consécration de sa carrière avec Au revoir les enfants : dans un collège catholique sous l'occupation, un garçon issu de la bourgeoisie découvre qu'un de ses camarades est juif. Une amitié se construit entre les deux mais ne pourra pas empêcher une fin tragique.
Dans ce film, Louis Malle montre ce dont il se souvient de la guerre. L'histoire est en partie autobiographique, il a été témoin d'une situation similaire lors de son enfance, un jeune Juif avait été caché dans son internat, puis découvert par la gestapo et déporté. Il dira d'ailleurs que ce thème le hantait depuis toujours.
Cette œuvre, considérée comme la plus personnelle de sa carrière, reçoit un triomphe critique et public puis obtient plusieurs récompenses en 1987 : le Lion d'or à Venise, le Prix Louis-Delluc et sept Césars, dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Suivront la comédie Milou en mai (photo), puis Fatale et enfin l'adaptation de la pièce d'Anton Tchekhov, Vanya, 42e rue (1994).
Louis meurt d'un lymphome le 23 novembre 1995 à Los Angeles.
Il avait été marié à Anne-Marie Deschodt de 1965 à 1967. Il avait eu un fils, Manuel Cuotemoc (né en 1971), avec l'actrice allemande Gila von Weitershausen et une fille, Justine Malle (née en 1974) avec l'actrice franco-canadienne Alexandra Stewart.
Il s'est marié à l'actrice Candice Bergen en 1980. Ils ont eu une fille, Chloé Malle, en 1985. Ils sont restés mariés jusqu'à sa mort.
Au cours de sa carrière, Louis Malle aura décroché la Palme d'or au Festival de Cannes, le Prix Méliès, I'Oscar du meilleur film documentaire avec Jacques-Yves Cousteau. deux fois Le Prix Louis-Delluc, deux fois le Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, deux fois le Lion d'or.
Il sera également récompensé du César du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario pour Au revoir les enfants, ainsi que du European Award du meilleur scénario.
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