LES ENFANTS DU CINOCHE

Né le 6 février 1932 de père inconnu et reconnu à l'état civil par Roland Truffaut, architecte-décorateur, François Truffaut ne retrouvera son père biologique qu'en 1968. Sa mère était Jeanine de Monferrand, secrétaire au journal L'Illustration.
François fait ses études à l'école de la rue Clauzel et au lycée Rollin (actuellement lycée Jacques-Decour), théâtre de ses premiers 400 coups.
Dès 1939, le jeune garçon, passionné de lecture, fréquente aussi les cinémas, souvent pendant les heures de classe.
A partir de 1946, ayant quitté l'école, il vit de petits boulots, fonde un ciné-club en 1947. Quelques vols lui valent d'être envoyé à Villejuif dans une maison de redressement. Il a plus ou moins transposé cet épisode de savie dans Les quatre cents coups et son personnage d'adolescent dans celui d'Antoine Doinel. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Doinel sèche son cours de gym pour lire La Recherche de l'absolu. Truffaut était lui-même grand lecteur de Balzac, dans sa jeunesse. Il le montre ouvertement en faisant ressurgir Balzac dans un autre film, Baisers volés. Antoine Doinel y vit littéralement l’intrigue du Lys dans la vallée.
Grâce au critique de cinéma André Bazin, François est engagé à Travail et Culture. Il rédige ses premiers articles dès 1950.
Après s'être engagé dans l'armée, envoyé en Allemagne, il déserte et fait de la prison militaire, puis se fait réformer, toujours grâce à André Bazin.
François publie des articles pour les Cahiers du cinéma en 1953, réalise (avec Jean-Luc Godard) l'année suivante Une visite son premier court métrage.
Il devient en 1956 assistant du réalisateur Roberto Rossellini.
Il réalise Les Mistons en 1957. François se marie cette même année avec Madeleine Morgenstern, avec laquelle il a deux filles prénommées Laura et Éva. Ils divorceront en 1964.
En 1959, il tourne Les Quatre Cents Coups, qui devient un succès immédiat, ouvrant la porte au mouvement de la Nouvelle Vague et à sa carrière mondiale.
En 1968, Truffaut veut se marier avec son actrice préférée, Claude Jade (Baisers volés, Domicile conjugal, L'amour en fuite), mais revient sur sa décision au dernier moment. Truffaut et Claude Jade restent cependant d'excellents amis.

Il enchaîne ensuite les films. Outre le cycle consacré à Antoine Doinel, retenons La Mariée était en noir, avec Jeanne Moreau et Jean-Claude Brialy, La Nuit américaine (photo). Mise en abîme et hymne au cinéma, le film est récompensé à Hollywood par L'Oscar du Meilleur Film Étranger. N'oublions pas Le dernier métro, se déroulant pendant l'occupation allemande en France, qui est récompensé par dix César.

Son dernier amour fut l'actrice Fanny Ardant, avec laquelle il a eu une fille, Joséphine, née le 28 septembre 1983.
François apparaît comme acteur de plusieurs de ses films : L'enfant sauvage (1970), La Nuit américaine (1973), La Chambre verte (1978). Il apparaît également dans L'Histoire d'Adèle H. (1975), au début de L'argent de poche (1976) et de L'Homme qui aimait les femmes (1977). Steven Spielberg, admirateur de Truffaut, lui donne le rôle du savant françaisClaude Lacombe dans Rencontres du troisième type en 1977.
Sa société de production s'appelait Les Films du Carrosse, en référence au film de Jean Renoir Le Carrosse d'or.
François Truffaut restera sans doute une des références du cinéma français du XX^e siècle. Il a également publié plusieurs livres sur le cinéma, dans lesquels il fait preuve d'un sens pédagogique inégalé.
Parmi ses ouvrages, le Hitchbook, livre-entretien avec Alfred Hitchcock, paru chez Laffont puis Ramsay, est une bible pour qui veut comprendre le cinéma, et a fortiori en faire.
Cinéaste très attentif aux acteurs et à leurs personnages, Truffaut a offert à plusieurs comédiens des rôles qui ont fait date dans leurs carrières : Jean-Pierre Léaud (cinq longs métrages et un court), Claude Jade (3 films), Fanny Ardant (deux longs, dont le dernier, en noir et blanc, Vivement dimanche !), Charles Denner (3 films), Nathalie Baye (3 films), Dorothée (Sabine dans L'Amour en fuite).
Bernadette Lafont participa au court métrage Les Mistons, et fut le rôle titre de Une belle fille comme moi .
Jean-François Stévenin fut révélé par Truffaut. Il fut son assistant et joua dans L'argent de poche et La Nuit américaine.
Jeanne Moreau passa à la postérité dans Jules et Jim et incarna l'implacable vengeresse dans La mariée était en noir.
Marie-France Pisier débuta à 17 ans dans Antoine et Colette (un court métrage consacré à Antoine Doinel).

François meurt le 21 octobre 1984 à l'Hôpital américain de Paris de Neuilly-sur-Seine, des suites d'une tumeur au cerveau.
Il a été incinéré au cimetière du Père Lachaise. Ses cendres ont été inhumées au cimetière de Montmartre à Paris.