LES ENFANTS DU CINOCHE

LES ENFANTS DU CINOCHE

6 - EXEMPLE D'UNE SCENE D'UN SCENARIO

66. CIMETIERE. EXT.JOUR.

 

ROMAIN suit MONSIEUR GERARD qui s'avance parmi les caveaux et les pierres tombales.

 

M.GERARD
La mort de ta mère m'a complètement déboussolé.
(posant sa main sur l'épaule de Romain)
Alors, j'ai demandé ma retraite anticipée. Enfin !
C'est par là.

 

MONSIEUR GERARD et ROMAIN se recueillent un instant devant une modeste tombe.

 

M.GERARD
Je serais content de te revoir de temps en temps. Je
vais te dire quelque
chose qui va sûrement t'étonner,
mais plus je te regarde, plus je trouve que tu ressembles
à ta mère.

 

MONSIEUR GERARD et ROMAIN se dirigent vers la sortie du cimetière.

 

M.GERARD
Ah, tout ceci est bien triste, n'est-ce pas ? Mais je ne
regrette pas de
t'avoir emmené voir la tombe de ta
maman. Ah, au fait...
(prenant un papier dans sa poche)
Tiens, prends ma carte. Si un jour, tu as envie de déjeuner
ou de
prendre un verre avec moi, appelles-moi. Ça me
fera plaisir.

 

ROMAIN
D'accord, Monsieur Gérard. Pourquoi pas.

 

Les deux hommes se serrent la main.

 

ROMAIN
Au revoir, Monsieur Gérard.

 

M.GERARD
Au revoir, mon garçon.
(se retournant soudain au moment de partir)
Laisse-moi t'embrasser.

 

ROMAIN se laisse embrasser sans enthousiasme par MONSIEUR GERARD.

 

M.GERARD
Au revoir, Romain.

 

Les deux hommes se quittent.

 

Ci-dessus est reproduit une scène extraite de On ne fait pas l'amour sans casser les coeurs. Bien entendu, lorsqu'il est présenté à des producteurs ou des acteurs, un scénario n'est pas aussi coloré. Voyons ensemble comment s'appelle chaque partie d'un scénario et à quoi elle sert.

Tout d'abord, le scénario peut également être appelé "continuité dialoguée". Le scénario est un document narratif qui est destiné à être tourné. Contrairement au roman qui trouve sa finalité dans sa seule écriture, un scénario ne se suffit pas à lui-même.

 

Une scène constitue une unité dramatique dans laquelle le protagoniste entreprend une action pour atteindre l'objectif propre à cette scène. Une scène n'obéit ni à l'unité de lieu ni à celle de temps. Elle peut être subdivisée en un certain nombre de séquences (ou plans). La scène de mon scénario présente un ensemble de séquences que l'on pourrait intituler : Romain et Monsieur Gérard au cimetière. C'est l'objectif de cette scène, pas de toute l'histoire.

 

La scène d'exposition est une suite de plusieurs séquences sur laquelle se déroule ou non le générique. Vous pouvez commencer votre scénario par un prégénérique, comme dans les James Bond. On y plante en quelque sorte le décor, le lieu, l'époque et tous les éléments que l'auteur juge bon que le spectateur connaisse. Les scènes d'exposition sont d'une importance cruciale car ce sont par elles que le public entre (ou n'entre pas) dans l'histoire.

 

INTITULE DE SEQUENCE

L'intitulé d'une séquence comporte quatre éléments : le numéro de la séquence, le lieu, extérieur ou intérieur en abrégé (ext. ou int.), enfin le moment de la journée (petit jour, jour, soir, nuit). Les intitulés doivent être homogènes, en gras et soulignés. Ils porteront tous un numéro différent (pas de 1, 1 bis...) et pas de lettres, même pour les flash-backs. Dans les descriptions de lieu, tâchez d'être le plus précis possible.
En général, l'intitulé de séquence peut se rédiger de deux façons :

66. CIMETIERE. EXT.JOUR.

ou

66. EXT. CIMETIERE. JOUR.

 

DIDASCALIE

Est considéré comme didascalie tout ce qui n'est ni intitulé de séquence ou de personnage, ni intention, ni dialogue. Il s'agit donc essentiellement des descriptions. Evitez l'italique et utilisez toute la longueur de la ligne jusqu'à la marge. N'utilisez pas d'alinéas.

 

INTITULE DE PERSONNAGE

L'intitulé de personnage semble une évidence. Il chapeaute les dialogues qui lui sont attribués. L'intitulé restera le même tout au long du scénario, en gras, avec un alignement à gauche et un retrait plus ou moins conséquent.

 

INTENTION

L'intention est une didascalie entre parenthèses et en italique, située en dessous de l'intitulé du personnage concerné ou en plein dialogue.

 

DIALOGUE

Généralement aligné sous le personnage qui le prononce, le dialogue ne va pas jusqu'au bout de la marge autorisée pour les didascalies. Il n'est ni en italique, ni en caractère gras. Gardez les lettres capitales pour les mots que le personnage dit en criant.

 

Disons un mot du synopsis. Il s'agit d'un condensé du scénario qui peut faire de une à quatre pages, déroulant l'histoire dans l'ordre chronologique. Il n'est pas obligatoire de le joindre à votre scénario. Mais quelqu'un qui n'a pas le temps de lire sera susceptible de s'intéresser à votre travail s'il est accompagné d'un résumé succinct et accrocheur.

 

GENERIQUE DE FIN

 

C'est bien entendu par ces mots que vous allez terminer votre scénario, sans vous amuser à écrire un générique entier. Bien finir un scénario est aussi difficile que de bien le commencer. Comme pour les autres étapes de l'écriture d'un scénario, répondant à des règles expliquées auparavant, il n'y a pas trente-six mille façons de terminer un film.

Avant toute chose, déterminez le genre de votre histoire. Par exemple, la comédie a une fin heureuse car c'est bien le genre de film qui prédestine à sa fin. Donc, quand on se pose la question du comment finir une histoire, c'est le "comment" qui prime. Le comment était entendu ici comme "le genre du film".

 

Mon scénario est-il une comédie, un drame, un polar ? Chacun de ses trois genres a une fin obligatoire.

 

Dans les comédies, les héros (ou héroïnes) finissent toujours par voguer vers d'autres horizons en étant heureux. Soit il finit par trouver l'âme soeur et à se faire aimer par elle (Tootsie ou Les sous-doués en vacances), conquiert l'affection de son fils (Les compères) ou encore règle ses problèmes conjugaux (Tout ça... pour ça !).

 

La fin du drame doit frustrer le public. Souvent, on pense que le héros s'en est sorti et qu'il ne peut plus rien lui arriver, quand survient le drame. Il se fait assassiner (Tchao pantin !), ou perd la personne qu'il aimait par-dessus tout (Les amitiés particulières), ou se retrouve tout seul face à l'inconnu et à l'adversité (Pixote). Ces fins donnent souvent aux spectateurs l'envie de lacérer l'écran de toute leur rage.

 

Dans le polar (auquel peut être apparenté le western), le héros est souvent un justicier, un flic, un homme épris de vengeance... et qui, quoi qu'il arrive, à la fin de l'histoire, s'en sort triomphant et seul (Witness ou Impitoyable). Quand le western n'est plus tout à fait un polar, c'est qu'il se métisse à un autre genre. Le western spaghetti n'est rien d'autre qu'une comédie policière.

 

Pour achever un scénario, ce n'est donc pas, comme on a coutume de le dire, la fin qui justifie les moyens, mais les moyens qui justifient la fin. Les moyens étant ici le héros, sa quête et la morale de l'histoire. La fin d'une histoire doit nous renvoyer à cette question : comment a-t-elle démarré ? Bien finir un scénario, c'est avant tout bien le commencer.

 



04/01/2013
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