LES ENFANTS DU CINOCHE

LES ENFANTS DU CINOCHE

15 - EXEMPLE DE SCENARIO

Les auteurs de ce scénario sont Frédéric Azémar et Cédric Salmon.

Leur oeuvre est donc soumise aux lois du copyright et ne doit donc en aucun être reproduite sans autorisation. 

 

Un flic en prison

ou Comment créer une bible de série tv.

 

Un flic en prison, bible pour une série policière de 52 min. (lauréate du Fond d’aide à l’innovation du CNC) – auteurs : Frédéric Azémar et Cédric Salmon – date du draft : 2005.

 

Prémisse : Des crimes en prison, un flic derrière les barreaux.

 

Bonjour à tous. En cherchant des bibles de séries pro à vous communiquer, j'ai réalisé hier que les droits de celle-ci nous sont revenus, à mon co-auteur et moi, il y a quelques jours. J'espère que cet exemple vous aidera à comprendre comment créer une bible de série.

 

Généalogie :

2004 : option d'un an sur les droits (Scarlett production)

2005 : projet lauréat du Fonds d'aide à l'innovation audiovisuelle (CNC) reprise d'option (Scarlett production)

2006 : commande du pilote et des arches narratives (Scarlett production/France 3) puis reprise de l'écriture par Michaël Souhaité et Doa

2008 : projet abandonné par France 3 pour raisons éditoriales, droits de remake négociés par l’agence américaine C.A.A. (Satellifax du 15/05/2008)

2011 : les auteurs redeviennent titulaires des droits de leur projet.

 

Sommaire de la bible de cette série

 

Le concept (une page)

 

Le ton du pilote (trois pages)

 

La mécanique de la série (deux pages)

 

Les personnages (six pages)

 

La première saison (trois pages)

 

Quelques intrigues possibles pour d'autres saisons (deux pages)

 

Le concept (extrait)

 

Des crimes en prison, un flic derrière les barreaux.

 

Ulysse Charpentier est un bon flic. Mais il suffit d’une journée pour que sa vie bascule. Quand sa femme prend une balle et tombe dans le coma, Ulysse perd son sang-froid : il tue l’innocent qu’il croit responsable et se retrouve derrière les barreaux pour cinq ans.

 

Le commissaire d’Ulysse passe un deal avec lui : contre une réduction de sa peine et la possibilité de récupérer sa carte de police, l’ex-flic devient un indic derrière les barreaux pour aider la PJ à lutter contre la criminalité en prison. Mâtons de mèche avec les bandits, vengeances des criminels au sein de la prison, crimes organisés par des parrains censés être hors d’état de nuire, abus de l’administration pénitentiaire… Ulysse a beaucoup à faire.

 

A chaque mission, notre héros endosse une nouvelle identité avec un casier judiciaire fictif qui lui permet de mener à bien son enquête au sein de l’une des 186 prisons françaises.

 

Au cours de son Odyssée, Ulysse est sur la piste du véritable responsable du coma de sa femme. Dans sa cellule, il ressasse indéfiniment la journée qui a changé sa vie. Au fil des indices, le déroulement de cette journée se fait de plus en plus précis. Ulysse se rapproche de la vérité. Et si le responsable était son propre père ?

 

Le ton du pilote (extrait)

 

« La où je suis, les hommes partagent le même secret. Vous refuserez sûrement de l’entendre : on croit maîtriser sa vie, mais chaque jour est une partie de poker. Votre travail, votre femme, vos enfants, votre maison, vous pouvez tout perdre en une journée.

 

Moi, Ulysse Charpentier, j’en suis la preuve vivante. Ce genre de journée commence comme les autres. Mon premier souvenir ? Un café dégueulasse avec Ange Charpentier, mon père, dans les couloirs du Quai des Orfèvres, à 4H45 du mat’. Mon père, comme ça il paie pas de mine : chauve, joufflu, un physique de bureaucrate. Mais c’est un des meilleurs flics de la P.J., du moins quand il était plus jeune. Et puis c’est mon père.

 

C’est la première fois qu’on travaille ensemble. Comme quoi, les descentes de police inter-services, ça peut avoir du bon. Notre objectif ? Prendre en flag’ Massat, un trafiquant de drogue notoire. Cette ordure prévoit de mettre sur le marché une véritable saloperie, un truc qui va ravager les lycées.

C’est le commissaire Omar Cotton, le supérieur direct de mon père, qui supervise l’opération. Un grand black en cuir et santiags, serein comme un pasteur malgré l’effervescence. Un peu spécial, paraît-il… du genre mystique, qui croit en Dieu et qui prend son job de flic pour une croisade. Chacun son truc. En tout cas il est efficace, et c’est tout ce que je lui demande.

 

Le flag’ est un véritable fiasco. L’acheteur et ses hommes de main parviennent à s’enfuir. Le vendeur lui, cet enfoiré de Massat, est introuvable. Les collègues s’apprêtent à plier bagages, mais les truands, moi je les connais, et je décide de suivre ma propre piste avant de rentrer. Bon, c’est pas que je sois génial, mais je suis méthodique, c’est ça mon point fort. Pour ça, on trouve que je suis plutôt un bon flic.

 

Je ne tarde donc pas à retrouver Massat. Bien sûr, je dois lutter. Ce mec est tout sauf un enfant de cœur. Mais moi non plus. Avec mon 1m85 et ma droite d’ancien boxeur, je prends très vite le dessus, et je lui passe les menottes.

 

Normalement, les mecs que je coffre se calment vite fait. Ils comprennent qu’il ne faut pas trop me faire chier. Mais lui, Massat, se fout de ma gueule. Il me sort que pour lui la prison n’est qu’un hôtel de luxe, qu’il pourra continuer son business sans problème, ce genre de conneries. A sa sortie de prison, il sera encore plus riche et moi, un flicaillon de merde toujours au smic. Dans ces cas-là, j’ai dû mal à me contrôler. Là, ni une ni deux, je me jette sur lui et je lui refais sérieusement le portrait… Massat jure de se venger, mais je m’en tape. J’ai fait mon job, le trafiquant sera bientôt sous les verrous.

 

Je rentre chez moi vers 10h30 pour prendre le petit-déjeuner avec ma femme Patricia et ma fille Ludivine. Je sais bien que c’est pas évident pour elles de vivre avec un flic, alors j’essaie d’être à la maison le plus souvent possible. C’est surtout pour ma fille : à dix ans, on a besoin de la présence d’un père. Comme d’habitude, Patricia ne dit pas grand-chose à table. Elle me regarde ouvrir mon courrier. Une lettre d’un avocat…

 

Cette salope demande le divorce ! Après tout ce que j’ai fait pour elle ! Putain, cette maison je l’ai quasiment bâtie de mes propres mains… Et est-ce qu’elle pense à l’avenir de la petite ? Si elle part, c’est simple, je la tue.

 

J’ai à peine le temps de regretter ce que je viens de dire que les vitres volent en éclat. On nous canarde. Reprendre mon calme, vite. De la méthode. Un flic avant tout. Se mettre à couvert. Renverser la table. Mon flingue. On me retient. Patricia, en pleurs… Je lui file mon portable pour appeler les collègues et je fonce. Les prendre de revers. Porte du jardin. Trois racailles dans une BM volée. Je les contourne et je les abats un à un. Je ne pensais pas que la vengeance de Massat serait si rapide…

 

De retour chez moi, une vision d’horreur : le corps de ma femme inanimé, baignant dans son propre sang. Je ne parviens pas à la ranimer. Pas le temps d’attendre une ambulance, je l’emmène à l’hôpital en trombe avec ma caisse, toutes sirènes hurlantes. Ce sont des larmes sur mes joues ?

A l’hôpital, le verdict tombe : Patricia est dans le coma et les médecins sont pessimistes. Mon père est le premier à me rejoindre. Il ne peut que me promettre qu’il usera de son influence pour être chargé de l’enquête. Mais pour moi, le coupable est déjà tout trouvé, c’est cet enfoiré de Massat. Je confie ma fille à mon père et je m’éclipse avant que les uniformes ne viennent m’interroger sur la fusillade…

Ma carte de flic et un billet de 50 suffisent pour ouvrir la cellule de Massat. Seul à seul, j’exige qu’il reconnaisse la vérité, qu’il soit jugé et condamné pour ce qu’il a fait. S’il refuse, il passera un sale quart d’heure.

 

Ce pourri nie tout en bloc. A l’entendre, il est blanc comme neige. Je sors mon flingue pour lui faire peur. Et là, le coup part. Massat s’écroule.

 

Je sais que je ne sortirai plus de tôle.

 

Après ça, les événements s’enchaînent très vite. A mon procès, j’en prends pour 5 ans. Mes parents se voient confier la garde de Ludivine. On me retire ma carte de flic. Ma maison est vendue. La seule chose que je garde avec moi c’est mon alliance, et je ne sais même pas si elle vaut encore quoi que ce soit. Voilà donc comment j’ai perdu ma partie de poker.

 

Quand on a été flic et qu’on se retrouve avec ceux qu’on a combattus, quelle ironie ! On s’en veut presque d’avoir fait du si bon boulot. Il me faut des mois et de nombreuses bastons pour imposer le respect et me faire accepter des détenus. Maintenant je suis un des leurs… ou presque. Un flic reste un flic, même en prison. Un jour, je repère un homme de main de l’acheteur qui s’était enfui avec la came de Massat. Lui ne me reconnaît pas et j’en profite pour sympathiser. C’est l’occasion de pouvoir remonter jusqu’à son boss et d’arrêter ce dealer avant qu’une autre de ses saloperies ne tue des gamins innocents.

 

Je mets mon père au courant. Avec mes infos, le commissaire Cotton va pouvoir coincer le dealer. C’est Raphaëlle, la coéquipière de mon père, qui fait le lien entre la P.J. et moi en se faisant passer pour ma petite amie au parloir. Jolie môme mais encore un peu jeune dans le métier. La petite a l’air d’en pincer pour moi, mais moi je n’ai pas le cœur à ça. J’aime ma femme et personne n’est capable de me dire si elle sortira du coma.

 

L’enquête est périlleuse, je manque de me faire démasquer, mais mon père récupère la drogue et met les dealers sous les verrous. Devant le succès de l’opération, le commissaire Cotton décide de jouer à nouveau le trio gagnant. Je suis son indic en prison, Ange et Raphaëlle sont les enquêteurs à l’extérieur. Pour les risques que je prends, Cotton tente de négocier une réduction de ma peine. Mieux, il se bat pour que je récupère ma carte de flic à ma sortie de tôle. En attendant, il me tient au courant des avancées de l’enquête officielle menée par mon père sur les circonstances du coma de Patricia.

 

Transféré de prison en prison au gré des enquêtes, j’endosse une nouvelle identité à chaque fois ainsi qu’un casier judiciaire adapté. Officiellement, j’ai déjà commis des meurtres, des braquages, des viols, tout un tas d’atrocités. C’est mon voyage initiatique pour revenir chez moi et reconstruire mon foyer. C’est mon odyssée. »

 

Cédric SALMON

créateur de fictions originales depuis 2001

(TF1, France TV, Arte, M6...)



 

 

 



04/01/2013
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